Carlotta Ikeda, née Sanaé Ikeda, née en 1941 à Fukui, est une danseuse et chorégraphe japonaise.
Après avoir commencé à travailler la danse à 19 ans à Tokyo avec des proches de Mary Wigman et Martha Graham, Sanaé Ikeda étudie, à partir de 1964, la danse classique à l’université mais, sentant une impasse dans cette approche du corps, se tourne vers le butô en découvrant le travail de Tatsumi Hijikata. Elle rejoint alors la troupe de Maro Akaji, rencontre le danseur-chorégraphe Ko Murobushi, puis fonde en 1974 la compagnie Ariadone, se choisissant comme prénom de scène celui de Carlotta Grisi, célèbre danseuse du XIXe siècle. En 1978, lors d’une première tournée européenne, elle découvre la France où elle s’installe dans les années 1980,ouvrant un studio à Bordeaux en 1997, Eros et transe sont les deux mots clés de la quête chorégraphique qu’elle conduit au sein de sa troupe exclusivement féminine. Eros comme dynamique de provocation à l’égard des bonnes mœurs de la société japonaise et de dépassement du rapport masculin-féminin qu’elle cherche à transcender dans un érotisme asexué. Transe au sens de l’état d’un soi qui ne se contrôle plus, passage nécessaire pour atteindre la transformation intérieure propre à la danse butô. Cette quête, elle l’accomplit d’abord comme interprète, à travers les pièces de groupe – dont Le Dernier Eden (1978) ; Zarathoustra (1980) ; Hime (1985)) – que Ko Murobushi signe pour sa compagnie, ou des solos : Utt (1981, chorégraphe Ko Murobushi) et Chiisako (1987, chorégraphie Maro Akaji). Elle s’y révèle une danseuse d’exception, conduisant son corps – le plus souvent dénudé et blanchi – à des états de tension comme de rémission, des pieds ancrés au sol jusqu’au visage saisi d’un cri muet ou d’un rictus comme d’un sourire extatique. Elle s’affirme ensuite comme chorégraphe co-signant encore avec Ko Murobushi le duo Aï-Amour (1993), remarquable variation sur le thème amour-haine, et Haru no Saïten – Un sacre du printemps (1999), signant seule ses autres pièces à partir de Black Grey White (1988). Avec Uchuu-Cabaret (2008), elle donne un tour plus humoristique à sa quête qu’elle résume par ces mots : « La vie est un entraînement à la mort, chercher à n’être plus, apprendre comment se fondre dans le rien, tendre vers cette beauté qui précède le néant. »
C.Ikeda
C.Ikeda.
C.Ikeda Crédit A.Joubert