En pratiquement 40 ans de carrière, Simone Signoret, née Kaminker, d’un père d’origine polonaise, traducteur et résistant et d’une mère marseillaise dont elle conservera le nom, aura pour ainsi dire « crevé l’écran » avec plus de 60 films à son actif et aux côtés des plus grands acteurs et réalisateurs.
La richesse de ses expressions, de son regard tour à tour glaçant ou bienveillant dans « Casque d’or » (1951), « Les diaboliques » (1954), « La veuve Couderc » (1971 ou « La vie devant soi » (1978), sa voix majestueuse, son jeu déconcertant de tempérance et de simplicité lui ont valu des recevoir les plus hautes distinctions artistiques.
Lancée en 1946 par le film « Macadam », c’est avec les réalisateurs Marcel Carné, Jacques Becker et Henri-Georges Clouzot au début des années 50 qu’elle devient véritablement une « vedette ». Sa prestigieuse carrière cinématographique ne saurait faire passer sous silence ses apparitions au théâtre où elle incarnera l’une des « sorcières de Salem » d’Arthur Miller ou la Macbeth de Shakespeare au Royal Court Theatre. Tout à tour « Madame le juge » ou « Mère Courage » à la télévision, elle saisira souvent aussi la plume pour s’emporter, s’indigner et dénoncer les injustices et discriminations d’une société de laquelle sa notoriété ne l’a jamais éloignée.
Avec (et sans) Yves Montand, elle demeurera jusqu’à sa mort une femme engagée sur tous les fronts Leur demeure constituera un haut lieu de rencontres artistiques, intellectuelles et amicales ; Sartre, Beauvoir, Reggiani, Brassuer, Bunuel, Semprun…. Le couple affirmera ostensiblement ses idées de gauche et sera bientôt catalogué de « compagnon de route » du Parti Communiste.
Ses désillusions politiques après un voyage en URSS, se blessures sentimentales n’altéreront jamais sa force d’engagement face aux dictatures et contres toutes les formes d’aliénation et de domination.
Les militants de « Touche pas à mon pote », les mères de Buenos Aires, mais aussi toutes celles et ceux qui ont vu et revu « Le chat » ou Madame Rosa dans « la vie devant soi » seront unanimes pour affirmer que, jusque dans ses dernières années difficiles, Simone Signoret demeurera « une grande dame ».